Archéologie

Archéologie

ZAC de la Clairière

Pourquoi une fouille archéologique ?

Comme tout aménagement de ce type, le projet de développement de Boigny-sur Bionne vers le nord (ZAC de la Clairière), porté par Nexity, a été soumis pour instruction aux services de l’État.

On n’exclut pas qu’à ses deux extrémités, des retours dessinent un plan en U qui se développerait vers l’est. L’état de conservation est médiocre. Seules les fondations des murs sont préservées, et les sols ont disparu. Seules exceptions, une cave, un vaste bassin et un secteur thermal. Ce dernier est un des rares témoignages du luxe qui devait caractériser ce bâtiment.

Ce bâtiment occupe le cœur d’une vaste cour quadrangulaire délimitée par deux murs parallèles. En mobilisant les données du diagnostic et par analogie avec des sites de ce type, on imagine que la surface de cette cour atteint environ 3 hectares. L’hypothèse d’une subdivision de cette cour reste d’actualité. Selon ce schéma, il faut donc supposer que les parties techniques (bâtiments d’exploitation, dépendances, etc.) se situent dans la moitié orientale du domaine.

L’ensemble laisse à penser que nous sommes en présence d’un vaste et luxueux domaine, habité et exploité par une aristocratie terrienne. La chronologie reste à préciser. Il est possible que ce domaine soit occupé durant toute la période gallo-romaine.

Bulle archéologie
Boigny-sur-Bionne, archéologie

Période

Médiévale

Des ancêtres de nos réfrigérateurs.

La chronologie de la période médiévale est également à préciser. Pour l’heure, on s’en tient prudemment à une fenêtre chronologique allant du 5e au 12e siècle.

La forme de l’occupation médiévale offre un fort contraste avec le domaine antique. Plusieurs secteurs de l’emprise de fouille livrent les vestiges ténus de bâtiments de taille sans doute modeste. Leur architecture recourt à la terre sur une ossature de bois. Ces matériaux ont pratiquement disparu. Les structures les plus visibles sont des silos enterrés. Ces fosses d’un diamètre de 1 m à 1,50 m sont creusées dans le sol afin d’y conserver les céréales. On peut y voir les ancêtres des grands silos agricoles, mais aussi de nos réfrigérateurs.

Les ruines du bâtiment antique sont colonisées par des sépultures. En particulier, un ensemble de sept corps (adultes et enfants) a été trouvé sur des murs dérasés.

Boigny-sur-Bionne, archéologie

Période Médiévale

ou Moderne

Une histoire de lignes.

Plusieurs fossés linéaires traversent l’emprise. Certains d’entre eux peuvent être mis en correspondance avec des limites récentes, parfois encore visibles dans le paysage. Dans la partie ouest de la fouille, on peut mentionner l’exemple d’un tracé linéaire d’axe nord-sud.

Ce tracé se prolonge aujourd’hui encore vers le sud et traverse une partie de la commune. Sur le cadastre napoléonien (1833), cette limite est parfaitement visible. Elle coupe en deux le Clos de Boigny et plus au sud, apparaît comme la limite entre le domaine de la Salle et celui de la Commanderie.

Vestiges non Datés

Au nord, la zone funéraire repérée lors du diagnostic a été confirmée. Une quinzaine de tombes abritait des individus d’âges divers.

Faute de mobilier, leur datation reste à établir. La proximité du domaine antique, mais aussi celle de l’église paroissiale, ne permettent pas de favoriser une quelconque hypothèse.

Conclusion Provisoire

Quelques enseignements !

En guise de conclusion provisoire, cette opération a livré des résultats remarquables. Le point le plus saillant est l’envergure de la ferme gallo-romaine. Au lieu de l’établissement de calibre moyen que l’on attendait, c’est un domaine de haut statut qui a été révélé. L’inversion du schéma est également une surprise, puisque c’est la maison de maître du domaine qui a été dégagée. Malgré une conservation médiocre liée aux labours mais également à des récupérations très anciennes de matériaux, cette demeure était luxueusement équipée.

Même s’il faudra étayer le propos, il semble bien y avoir une occupation continue depuis l’époque romaine (voire gauloise) jusqu’au Moyen âge. Cela permet d’établir une connexion avec l’histoire déjà connue de Boigny, et de lever le voile sur ses origines lointaines.

Avec ces découvertes, l’ancrage remonte un millénaire plus loin dans le temps que la création de l’église paroissiale, et renvoie à des origines prestigieuses. A cet égard, il est intéressant de noter que l’église Saint-Pierre est située à l’intérieur du domaine antique tel qu’on le restitue. Il est séduisant de pense que l’église est venue s’installer sur un lieu de culte antique, tel qu’on en connaît dans les cours des grandes villas gallo-romaines – ce qui est comparable au schéma de la chapelle seigneuriale dans la cour d’un château. Cela pourrait également expliquer la position complètement excentrée de l’église par rapport au bourg, situé bien plus au sud.

L’analyse des données recueillies sur le terrain va être engagée à partir de janvier 2020. Elle permettra de préciser bien des points et soumettre à critique les hypothèses développées ci-dessus.

Et, à n’en pas douter, la fouille de la seconde tranche de l’opération sera riche en renseignements supplémentaires sur les origines lointaines et prestigieuses de Boigny-sur-Bionne.

Boigny-sur-Bionne

département du Loiret

Région Centre-Val de Loire